La N.A.S.H

       Liée à l’épidémie mondiale d’obésité et de diabète, la NASH (Non Alcoholic Steato Hepatitis) identifiée en français comme la stéatose hépatique d’origine non alcoolique; est susceptible d’évoluer vers une cirrhose et/ou un cancer. Son histoire naturelle est en quelque sorte une affaire de foie gras qui tourne mal. Une histoire que nous allons vous raconter, pour que vous puissiez prendre vos vies en charge et en changer la fin. Cette lecture est importante parce qu’il s’agit d’une pathologie qui n’est pas très connue, qui évolue sans faire de bruit et qui statistiquement, selon des études récentes, affecterait environ un quart de la population mondiale. Il est difficile d’évaluer avec précision combien de personnes sont touchées, parce qu’elles sont nombreuses à ne pas avoir été dépistées vue l’évolution insidieuse et insonore de la maladie. Mais ce que l’on sait, c’est que la NASH est une maladie très largement répandue dans le monde entier, et qu’elle l’est de plus en plus.

       Aux États-Unis seulement, l’organisation mondiale de gastroentérologie estime à six (6) millions le nombre de personnes souffrant de NASH, dont six cent mille (600,000) au stade de cirrhose. D’autres publications citent des chiffres différents, tantôt plus faibles, tantôt plus élevés, mais une chose est sûre: la NASH est désormais la deuxième cause de greffe du foie aux États-Unis, après l’hépatite C. La cirrhose, qui jusqu’à présent ne survenait que chez des adultes à partir d’un certain âge, désormais y affecte de très jeunes adultes, voire des adolescents.

       En France, on estime à neuf cent mille (900,000) le nombre de personnes touchées. Au total, dans le monde, le nombre de personnes atteintes de NASH est évalué entre cent (100) et cent quatre-vingt millions (180,000,000), un chiffre assez proche de ceux que l’on connaît pour l’hépatite alcoolique (entre 140 et 200 millions de personnes) ou l’hépatite chronique C (entre 170 et 200 millions de personnes). D’ici quelques années, la NASH devrait devenir la seconde maladie chronique du foie, derrière l’hépatite B.

       En général, dans 80% des cas, la stéatopathie est bénigne; on parle alors de stéatose simple. Votre foie est gras, souvent un peu gros, mais c’est tout. Mais dans 20% des cas, l’affaire se corse et le foie gras fait le lit d’une véritable hépatite (inflammation du foie), susceptible, comme les autres hépatites chroniques, d’évoluer vers une cirrhose ou un cancer.


Comment se développe la NASH ?

       Le foie a de nombreuses fonctions, une douzaine environ. L’une d’entre elle est la transformation en énergie des sucres et des graisses que nous ingérons. Mais, pour diverses raisons, il arrive qu’il stocke la graisse en excès. Cette accumulation de graisse dans les cellules du foie s’appelle la stéatose hépatique (du grec stéar, qui signifie graisse).

      Chez les patients en surpoids, l'organisme met une grande quantité d'insuline en circulation (hyper-insulinémie) afin de diminuer le taux de sucre dans le sang. Cela peut durer plusieurs années, mais, à un certain moment, la capacité sécrétrice du pancréas s'épuise, le taux d'insuline diminue dans le sang et le taux de glycémie augmente, donnant lieu à un diabète de type 2. De plus, l'hyper-insulinémie perturbe le métabolisme des acides gras (graisses) intra-hépatiques: ces troubles entraînent une stéatose. Ainsi,  l’abus d’alcool, une mauvaise alimentation, une intoxication médicamenteuse ou encore une grossesse (stéatose gravidique) sont des situations qui peuvent conduire à une stéatose hépatique.

       La stéatose peut également être liée à une hépatite chronique, en particulier une hépatite chronique C connue pour être fréquemment associée à une stéatose, mais aussi l’hypertension, l’apnée du sommeil (syndrome caractérisé par des pauses respiratoires pendant le sommeil), la maladie de Wilson qui est l’accumulation toxique de cuivre dans l’organisme.


       En résumé, les facteurs de risque de la NASH sont:


  •        Diabète de type 2 incluant une résistance à l'insuline.
  •        Le surpoids (Indice de masse corporelle supérieur à 25 kg/m2), l’Obésité.
  •        L'hyperglycémie à jeun (supérieure à 6,1mmol/l).
  •        L'hypertriglycéridémie (supérieure à 1,7mmol/l).
  •        L'adiposité centrale / un gros ventre (tour de taille supérieur à 88 pour les                   femmes et supérieur à 102 cm pour les hommes).
  •       Un taux d'HDL-cholestérol (Le bon Cholestérol) bas, c’est-à-dire inférieur à 0,5 g/l pour les   femmes et inférieur à 0,4 g/l pour les hommes.

 

  En d’autres termes, la NASH s’en prend en priorité à certaines personnes, et notamment à:

1.- celles qui sont en surcharge pondérale, en particulier celles qui présentent un syndrome métabolique (obésité abdominale);

2.-  celles qui sont atteintes de diabète de type 2, non insulino-dépendant (augmentation anormale du taux de sucre dans le sang).

      Au-delà de ces deux catégories d’individus, des tas de gens sont susceptibles de développer une NASH sans le savoir car les causes sont multiples et le diagnostic souvent inexistant. De plus la NASH et l’évolution vers la cirrhose et le cancer du foie se fait généralement sans aucun symptôme.  Est-ce pourquoi, il est important de repérer les personnes à risques notamment parmi celles qui présentent une élévation inexpliquée des transaminases (les enzymes du foie) afin d’agir tant qu’il est encore temps.  

Prévention et Traitement:

       L’exemple américain montre qu’une alimentation trop riche en graisses saturées, en sucres et en boissons sucrées (riches en sirop de fructose, glucose), est en effet un visa multiple pour la NASH. Cependant, une telle vision est réductrice: on peut développer une NASH sans être un adepte de la « Junk food », mais simplement en mangeant en trop grande quantité par rapport à ses besoins physiques. La NASH est un témoin plus global de nos déséquilibres nutritionnels et d’un mode de vie où alternent stress et compensations alimentaires.

       La règle d’or de la Prévention et aussi du Traitement de la NASH s’articule autour de deux (2) points:

1.-   L’équilibre du régime alimentaire (qualité / quantité)

2.-   La lutte contre la sédentarité (la marche, les exercices physiques à raison de 4 à 5 séances par semaines pendant au moins trente (30)  minutes, les loisirs en plein air, toutes les activités physiques qui font bouger et transpirer).

        En complément, certains médicaments sont parfois envisagés, soit pour lutter contre l’insulinorésistance, soit pour protéger le foie ou lutter contre l’oxydation, mais leur efficacité contre la NASH n’a pas été formellement démontrée.        

       Contre l’obésité, votre médecin pourra vous prescrire les statines (médicaments qui font baisser le taux de lipides y compris le cholestérol dans le sang) en complément du régime amaigrissant.  Mais c’est surtout la chirurgie bariatrique qui a montré son efficacité non seulement sur la réduction pondérale, mais aussi sur la stéatose et la NASH. Elle consiste à réduire l’apport calorique dans l’estomac, et fait appel aux gastroplasties, aux anneaux gastriques ou au by-pass gastrique. Elle est proposée aux personnes dont l’indice de masse corporelle est supérieur ou égal à 40, voire 35 dès lors qu’une comorbidité a été identifiée telle qu’une maladie cardiovasculaire, un syndrome d’apnée du sommeil qui est caractérisé par des pauses respiratoires pendant le sommeil, un diabète de type 2 ou  la NASH ou en cas d’échec des premières mesures prises contre l’obésité (régime, exercice physique).

       Au stade de cirrhose avancée, le traitement sera celui des complications, et dans les cas les plus graves, une transplantation hépatique pourra être envisagée dans les pays ou la technique de transplantation est disponible.

       Le message de fond de ce texte est l’importance de la Prévention. Bougez à fond, faites des exercices régulièrement et mettez la santé dans vos assiettes.

Prévenir vaut mieux que Guérir!!!